Mémoire sur l’accessibilité (2010)

De Indicateurs EA

Mémoire sur l’accessibilité (2010)

Énoncé de six recommandations visant à combattre les inégalités en matière d’accessibilité à l’éducation et à la formation des adultes, à lever les obstacles à la participation, à faire de l’éducation et la formation des adultes une mission sociale de l’État et à faire de l’accès une condition d’effectivité du droit à l’éducation.

Source : Pour une stratégie nationale d’accessibilité à l’éducation et à la formation des adultes (fichier PDF), mémoire présenté à la consultation du Conseil supérieur de l’éducation réalisée dans le cadre de l’élaboration du Rapport 2010 sur l’état et les besoins de l’éducation, novembre 2009.

Recommandations visant à combattre les inégalités en matière d’accessibilité à l’éducation et à la formation des adultes

RECOMMANDATION no 1 : accorder la priorité aux populations vivant les plus grandes inégalités d’accès.

Nous recommandons au CSE de faire valoir que les actions en matière d’accroissement de l’accès à l’éducation et à la formation des adultes aient pour objectif prioritaire de hausser de 45 % le taux de participation à la formation formelle sur une période de cinq ans pour les populations suivantes :

  • personnes faiblement scolarisées (sans diplôme d’études secondaires ou ne possédant que ce diplôme), peu alphabétisées ou se situant au niveau le plus faible de l’échelle de la littératie, soit le niveau 1;
  • travailleurs œuvrant dans le secteur primaire ou dans le secteur des services personnels et aux entreprises, dans des petites entreprises de moins de 20 salariés ou dans des fonctions de cols bleus. En outre, tenir compte que les personnes en chômage participent moins que les personnes occupant un emploi.


Les obstacles à la participation

RECOMMANDATION no 2 : cibler en priorité les obstacles dont l’impact limite le plus la participation.

Nous recommandons au CSE de faire de la levée des obstacles à la participation une orientation majeure de ses propositions en matière d’élargissement de l’accès à l’éducation et à la formation des adultes. Dans cet esprit, nous invitons le CSE à proposer que les actions mises de l’avant s’attaquent de manière prioritaire aux obstacles qui occasionnent les blocages les plus structurants.

Parmi ces obstacles devraient figurer :

  • les obstacles situationnels liés au manque de temps, aux problèmes soulevés par la conciliation famille-travail-études et à l’incapacité de défrayer les coûts occasionnés par la formation. De tels obstacles limitent l’accès des apprenants à l’éducation et à la formation des adultes;
  • les obstacles institutionnels soulevés par l’inefficacité des actions résultant du manque de concertation entre les intervenants, de la lourdeur et de la rigidité des règles administratives, du manque de ressources financières qui font en sorte que les intervenants ne parviennent pas à répondre adéquatement à la demande des adultes;
  • les obstacles dispositionnels découlant du peu d’importance sociale accordée à l’éducation et à la formation des adultes, à l’absence d’une culture de la formation ancrée dans les milieux de vie des individus, au désintérêt trop souvent manifesté à l’égard de l’éducation et de la formation des adultes.


Lever les obstacles à la participation

RECOMMANDATION no 3 : mettre en œuvre des actions qui lèveront de manière concrète et permanente des obstacles majeurs auxquels sont confrontés les apprenants adultes, les intervenants et les organisations.

Nous recommandons au CSE de promouvoir l’élaboration et l’adoption d’une stratégie nationale d’accessibilité. Une telle stratégie aurait pour but premier de lever les principaux obstacles à la participation pour ainsi contribuer à accroître l’accès à l’éducation et à la formation des adultes. Plus spécifiquement, cette action collective pour l’accès, l’inclusion, la persévérance et la réussite comprendrait, entre autres, les solutions suivantes à certains des obstacles les plus structurants.

  • Pour lever l’obstacle situationnel lié au manque de temps des apprenants adultes : faire en sorte que des mesures incitatives, telles instaurer un congé-formation rémunéré, puissent faciliter le dégagement d’heures travaillées consacrées à l’apprentissage.
  • Pour lever l’obstacle situationnel lié aux difficultés suscitées par la conciliation famille-travail-formation : rendre disponibles des services de garderie aux adultes apprenants en formation. De manière prioritaire, offrir de tels services de garderie aux mères monoparentales en formation.
  • Pour lever l’obstacle situationnel lié à l’insuffisance des ressources financières des apprenants adultes : créer des programmes de soutien financier aux études adaptés à la situation économique des apprenants adultes et qui soutiennent la participation aux formations offertes dans tous les milieux, qu’ils soient scolaires ou communautaires.
  • Pour lever l’obstacle institutionnel lié au manque de concertation des intervenants de l’offre de formation : développer une plus grande cohérence entre les instances régionales existantes en éducation et en formation des adultes (par exemple, les conseils régionaux des partenaires du marché du travail, les tables interordres et les tables de coordination régionales de la Semaine québécoises des adultes en formation) et soutenir les initiatives de concertation associant des intervenants de différents milieux. À cet effet, faire en sorte que la concertation contribue à susciter des synergies, à renforcer la complémentarité des interventions et à favoriser les partenariats.
  • Pour lever l’obstacle institutionnel causé par l’inadéquation des politiques et des règles administratives, eu égard à la situation des apprenants adultes : permettre aux établissements et aux organismes une plus grande souplesse administrative afin qu’ils puissent adapter leur offre de services à la condition des apprenants adultes. Dans cette perspective, reconnaître et soutenir les initiatives des institutions et des organismes qui adaptent déjà leurs politiques et leurs règles à la situation des adultes apprenants.
  • Pour lever l’obstacle lié au manque de ressources financières des établissements publics et des organismes communautaires : instaurer des mécanismes de financement selon la formule dite « enveloppe ouverte » aux services d’éducation et de formation des adultes à tous les ordres d’enseignement, financer adéquatement les services et les activités d’alphabétisation et de formation de base des centres d’éducation des adultes, des organismes d’alphabétisation populaire et des organismes communautaires pour qu’ils puissent répondre aux conditions de vie et aux besoins des adultes, en plus de favoriser la persévérance en garantissant le financement nécessaire pour aider et accompagner les adultes vivant des problèmes.
  • Pour lever l’obstacle dispositionnel soulevé par le peu d’importance sociale accordée à l’éducation et à la formation des adultes : reconduire la Semaine québécoises des adultes en formation et en élargir la portée pour qu’elle puisse rayonner comme d’autres grandes campagnes sociétales conçues pour lutter contre le tabagisme, l’alcool au volant ou la violence faite aux femmes.


L’éducation et la formation des adultes : une mission sociale de l’état

RECOMMANDATION no 4 : renforcer la mission sociale de l’État en éducation et en formation des adultes en développant davantage de synergie entre les acteurs étatiques en éducation et en formation des adultes et en intégrant des objectifs d’éducation et de formation des adultes dans les politiques sociales, économiques, culturelles, environnementales et de développement régional de l’État.

Nous recommandons au CSE de proposer que les politiques de l’État en éducation, en santé, en économie, en culture et en développement régional intègrent, en lien avec leur domaine d’intervention respectif, des objectifs communs d’accès à l’éducation et à la formation des adultes. Plus spécifiquement, cette action concertée d’éducation et de formation des adultes :

  • accorderait une priorité aux populations vivant les plus grandes inégalités d’accès;
  • s’appuierait sur les principes et les fondements de l’éducation et de la formation des adultes énoncés dans la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue.


Une société civile engagée pour l’accès à l’éducation

RECOMMANDATION no 5 : soutenir et stimuler l’engagement des organisations de la société civile, de la famille et des proches, ainsi que du milieu de proximité en faveur de l’accès à l’éducation et à la formation des adultes.

Nous recommandons au CSE de faire valoir que l’établissement d’une culture de l’éducation et de la formation des adultes nécessite la reconnaissance et la valorisation du droit à l’éducation, le soutien de l’offre d’activité d’éducation et de formation des organismes de la société civile ainsi que des activités d’accompagnement essentielles à la persévérance et à la réussite des adultes apprenants.

Dans cette perspective, il conviendra :

  • de mener auprès du grand public une campagne d’information et de sensibilisation sur le droit à l’éducation. Cette campagne informera la population des droits des adultes apprenants en vertu des lois et programmes existants et la sensibilisera aux situations d’inégalité;
  • d’accroître le financement accordé aux activités d’éducation et de formation des adultes offertes par les organismes de la société civile, notamment en finançant leur mission de base en éducation et en formation des adultes et en tenant compte des ressources consacrées à l’accompagnement des adultes apprenants;
  • de reconnaître que les initiatives de partage de connaissances entre citoyens et citoyennes constituent un domaine émergent d’accès à l’éducation et à la formation des adultes, de faire connaître ces initiatives et de créer un programme de soutien financier de celles-ci;
  • de reconnaître le rôle unique de la famille, des proches et du milieu de proximité dans la création des conditions de persévérance et de réussite.


L’accès : une condition d’effectivité du droit à l’éducation.

RECOMMANDATION no 6 : situer la question de l’accès à l’éducation et à la formation des adultes dans la perspective de respect du droit à l’éducation et, dans cet esprit, adopter des objectifs d’accès à l’éducation et à la formation des adultes qui respectent les conditions de mise en œuvre du droit à l’éducation énoncées par l’UNESCO.