L’éducation populaire sous l’angle d’une plus grande accessibilité à l’éducation des adultes (2013)
L’éducation populaire sous l’angle d’une plus grande accessibilité à l’éducation des adultes (2013)
Résumé des idées fortes relatives à l’éducation populaire présentées aux membres de la Commission de l’éducation des adultes et de la formation continue (CÉAFC) du Conseil supérieur de l’éducation (CSÉ).
Source : L’éducation populaire sous l’angle d’une plus grande accessibilité à l’éducation des adultes, intervention de l’ICÉA à la table ronde de la commission de l’éducation des adultes et de la formation continue du Conseil supérieur de l’éducation, décembre 2013.
Réflexion de l’ICÉA sur l’éducation populaire (ÉP) au Québec
1. Définition de l’éducation populaire donnée par le CSE
« Aider les personnes à se prendre en main et leur donner des outils pour assumer, de façon éclairée et responsable, leurs divers rôles dans la société. » (CSE 1992, p. 70)
- La définition de l’éducation des adultes mise de l’avant par le Conseil supérieur de l’éducation peut s’appliquer aux différents types d’éducation populaire, mais elle demeure insuffisante pour rendre compte du caractère spécifique de l’éducation populaire autonome (ÉPA).
- Les différents types d’ÉP se caractérisent par une accessibilité sans préalable et ils ne mènent pas à une certification.
- L’ÉP vise avant tout le développement des capacités individuelles et collectives dans une perspective de citoyenneté.
- L’objectif partagé de l’ÉP et de l’ÉPA est de permettre aux personnes d’être parties prenantes du développement social.
2. Affirmation du CSE à l’effet que « L’éducation populaire semble sortie de l’écran radar » (CSE 2013)
- L’ICÉA, qui connait lui-même une discontinuité dans la connaissance et l’appropriation de la réalité de l’ÉP, partage cette idée.
- Cette disparition est avant tout celle des activités d’éducation populaire des réseaux publics. Citons le changement de dénomination du Centre des ressources en éducation populaire de la Commission scolaire de Montréal, qui est devenu le Centre des ressources éducatives et pédagogiques (CREP).
- Les activités en ÉP sont peut-être moins visibles, mais le mouvement communautaire qui porte l’ÉP bénéficie toujours d’une certaine reconnaissance.
- Avec les années, le rôle et les responsabilités du ministère de l’Éducation à l’égard de l’éducation populaire ont été réduite à l’alphabétisation et à quelques groupes en formation de formateurs.
- L’ÉP est disparue des commissions scolaires et des établissements d’enseignement en général : la disparition de cette responsabilité est attribuable à l’exigence d’autofinancement des activités d’éducation populaire.
3. L’éducation populaire autonome comme théorie et pratique de transformation sociale
- Les organisations qui composent le secteur de l’ÉPA (MÉPACQ, OVEP, groupes en alphabétisation, notamment) font de la transformation sociale, la fonction de leur mission éducative.
- Ces organisations considèrent l’action de transformation sociale comme un apprentissage collectif et individuel et orientent leur action vers les populations exclues et les plus démunies.
4. Une demande persistante de reconnaissance du secteur
- La consultation préparatoire à l’événement 24 heures pour un Québec apprenant (hiver 2013)3 a fait ressortir l’importance que ces milieux accordent au fait d’appartenir au monde de l’éducation des adultes.
- L’événement 24 heures pour un Québec apprenant a permis d’affirmer l’importance d’offrir à ces organismes les moyens de « se donner une voix commune, [de] créer un espace de concertation qui confèrerait au secteur de l’éducation des adultes en général et de l’éducation populaire en particulier plus de poids politique pour se faire entendre auprès du gouvernement ». (ICÉA 2013, Actes du 24 heures pour un Québec apprenant)
- Cet espace doit notamment permettre « d’exercer une pression à court terme pour réintroduire l’éducation populaire et une définition large de l’éducation dans une nouvelle politique gouvernementale à venir et, à plus long terme, avoir une influence politique dans l’orientation et l’élaboration de cette politique et assurer un suivi régulier dans sa mise en œuvre et son actualisation ». (ICÉA 2013, Actes du 24 heures pour un Québec apprenant)
- Ces revendications quant à l’espace et la voix commune plaident pour une réactualisation de la place que l’ÉP et l’ÉPA pourraient occuper dans une politique en éducation des adultes et constitue une piste pour favoriser l’accessibilité à l’éducation des adultes.
5. L’élargissement de la portée de l’ÉP : l’éducation politique et citoyenne
- L’événement 24 heures pour un Québec apprenant a permis de révéler des volontés de :
- favoriser l’éducation à la citoyenneté à travers l’appareil de l’État (ministères) en accordant un rôle de leader au MELS qui devrait reconnaître l’importance d’une plateforme commune des divers apprentissages;
- miser sur l’éducation politique et citoyenne : s’assurer que l’État reconnaisse la nécessité de l’éducation citoyenne (sociopolitique, économique, environnementale) de tous les milieux et développer des lieux d’alliance et d’innovation sur la base de l’affirmation collective de la nécessité de l’éducation citoyenne.
- Dans cette perspective, il faudrait reconnaître le rôle que les groupes populaires peuvent jouer à ce titre : éducation politique et citoyenne, réponse aux besoins éducatifs liés à la crise financière, aux nouvelles réalités démographiques et identitaires, ainsi qu’aux alternatives sociales et écologiques.
- Il importe également de faire le point sur la situation de la formation syndicale, qui a été parmi les premières formes d’ÉP.
- Le mouvement syndical a sa place comme acteur en ÉP : la formation syndicale partage ses méthodes pédagogiques avec celles des milieux communautaires et populaires (ex. : pédagogie par les pairs) et son action comporte une dimension de transformation sociale.
- Par ailleurs, la valorisation de l’ÉP ne doit pas se faire au détriment de l’action communautaire. L’éducation et l’action sont étroitement imbriquées dans le mouvement communautaire. Il faut tenir compte de cette réalité et favoriser le renforcement de la fonction éducative de l’action communautaire. Élargir la vision de l’ÉP c’est reconnaitre la portée éducative de l’action communautaire.
6. La mission de l’État et la reconnaissance de l’ÉP et de l’ÉPA
- Il importe d’interpréter de manière large la mission des principaux ministères concernés par les enjeux en éducation.
- L’actualité du droit à l’éducation pour toute la population exige d’inscrire la responsabilité d’offrir l’accès au développement et au maintien des capacités des adultes d’exercer leur pleine citoyenneté et leurs droits dans la mission du ministère de l’Éducation.
- Cette interprétation invite à reconnaître au ministère de l’Éducation la responsabilité pleine et entière de l’ÉP et de l’ÉPA, à titre de fiduciaire de la mission éducative de l’État.
Thèmes traités dans ce document
Éducation populaire, Groupes communautaires, Rôle de l'État en éducation des adultes, Éducation populaire, Groupes communautaires, Reconnaissance de l'éducation des adultes, Financement, Reconnaissance de l'éducation des adultes, Politiques en éducation des adultes, Rôle de l'État en éducation des adultes, Règles administratives et budgétaires, Éducation populaire, Groupes communautaires, Éducation citoyenne et politique